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| | [ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent | |
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anais2.0 Grasset


Messages : 280 Date d'inscription : 24/05/2011 Age : 33 Localisation : Paris, Hauts-de Seine
![[ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: [ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Dim 7 Aoû - 20:05 | |
| Voilà, je compte m'auto-éditer. Mais pour cela, je dois voir si ça vaut la peine, et si j'aurai des lecteurs ! je vous propose donc un aperçu du roman que je souhaite publier. J'aimerai savoir non pas si vous allez l'acheter s'il sort, mais si vous seriez tentés de l'acheter pour vous-même, ou, pire, pour un proche.
Cela dit, je dois expliquer pourquoi, parmi mes 7 manuscrits, j'ai choisi celui-ci : - il pourrait bénéficier d'une certaine publicité (le magasine de ma commune, qui a l'immense chance de me compter parmi ses conscrits, mon libraire, la ville belge dans laquelle le récit se déroule, etc) ; - il n'est pas autobiographique (avouez que Mes vacances en Normandie, 20 étés maritimes ne paraît guère enchanteur) ; - il comporte 145 pages, ce qui n'est ni trop (je pense devoir payer à la page) ni trop peu (je ne passe pas pour une plumitive du dimanche avec ses 4 feuillets et demi) ; - le manuscrit est terminé. C'est mieux quand même ! | |
|  | | anais2.0 Grasset


Messages : 280 Date d'inscription : 24/05/2011 Age : 33 Localisation : Paris, Hauts-de Seine
![[ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Dim 7 Aoû - 20:09 | |
| Je dépose ma cigarette dans le gros cendrier de verre taillé - mais de loin, sans lunettes, on dirait du cristal. La lumière se reflète dans cette chose qui semble précieuse et fragile, alors qu’en réalité, il est déjà tombé dix fois. Le cendrier est mon exacte contraire. L’éclat est la seule lumière de la pièce. D’où vient cette lumière, je n’en sais rien. Tout est sombre. Je n’ai pas allumé la lampe. J’ai voulu baigner dans cette pénombre humide et tenace comme une brume d’automne. « Lugubre ! » m’a lancé La Mère en passant. Que puis-je être d’autre ? La Mère en a de bonnes. Dehors, le ciel est bas, comme un dimanche de novembre. Je gratte la nappe en coton, ouvragée par La Mère, autrefois, quand elle était jeune. Mes yeux lorgnent sur le journal. Mais je ne le lirai pas. Je m’en fous. Le monde peut bien s’écrouler. Je m’en fous. J’ai entendu un bruit, ce bruit, et dois m’y préparer. * Le bruit, bien distinct, de ses pas sur les pavés. Le parapluie balancé sur le pas de la porte. Le souffle court, saccadé. La petite toux après une course. Tout cela n’est qu’un bruit en réalité, une entité qui m’a fait abandonner ma cigarette dans le cendrier. Ma cigarette brune qui continue de se consumer lentement, sans moi. Petit point rouge, puis orangé, et enfin gris, gris comme le ciel de la ville. Cette ville triste qui a vu mes deux chutes successives, cette ville où je l’ai perdue, elle, mon amour. Ma cigarette me rappelle ça. Ma cigarette est une sale traitresse. C’est un bruit qui n’en est pas un. C’est un événement. Début mai : la pluie fine, parfumée, que j’imagine ruisselant sur celle qui n’a pas su ouvrir son parapluie. J’avais promis de le réparer. Elle est partie avant que je n’ai pu le faire. L’odeur de la pluie sur ses cheveux. Cette odeur de terre, de fer, de métal, de mousse fraiche sur ses cheveux luisants, sûrement défaits. Non, il ne faut pas que je l’imagine ruisselante mais fière. Il ne faut pas que je l’imagine, tout court. Elle est là, pourtant, revenue, face à moi. La fumée emplit la pièce. Comme depuis deux mois qu’elle est partie, je fume non pas cigarette sur cigarette, mais paquet sur paquet. J’ai l’habitude de cet environnement enfumé, de cette lourdeur de l’air, de cette odeur étouffante - mais pas elle. Elle est incommodée par ma clope, et elle tousse. C’est le moment que j’attendais. Le sait-elle ? * Devant moi, elle se dresse, fière, blanche, trempée. Ses yeux me fixent. Je suis troublé. Je le suis toujours. Je lève mon regard vers cette apparition dégoulinante, d’un air nonchalant, comme si je ne l’avais pas entendue courir depuis le bas de la rue, comme si je m’en foutais, comme si elle n’intervenait pas dans mes pensées. Mais elle intervient ; depuis deux mois, je ne pense qu’à elle, à lui aussi, et j’aimerais les étrangler de mes mains tous les deux. Lui surtout. Mais je ne m’en fous pas ; mon cœur s’emballe, de colère et de joie à la revoir. Mes yeux ont versé des torrents de larmes amères et salées. J’ai encore leur goût âcre dans la bouche. Mais je l’ai entendue ; depuis qu’elle a passé le porche en pierre, ses talons martèlent le pavé qui me chantent aux oreilles. Tel un chien entendant son maître, j’ai levé la tête, avec dans le regard cette étincelle qui ravive les âmes. Mais le chien, c’est elle ; c’est elle qui nous revient, elle qui est allée traîner on ne sait où. C’est elle l’errante, la disparue. Je n’avais jamais compris à quel point je dépendais d’elle - moi, l’homme. D2sormais? Je le sens, plus que je ne le sais. Si les copains savaient cela, ils se foutraient bien de ma poire. Les copains sont au courant, bien sûr. Qui ne l’est pas ? Ils ont été mis au parfum. Pas par moi - je suis trop secret. Mais La Mère l’a dit à qui voulait l’entendre au marché, et les gars ont fini par l’apprendre, de leur femme (ces commères). Ma Charlotte n’est pas comme elles ; même si j’ai eu bien des fois ces « Tu ne sais pas, Emile, que… », elle ne le disait pas avec la joie de savoir quelqu’un sombrer : elle avait de la peine pour la personne dont elle me parlait. Charlotte?, comme le gâteau : Charlotte était douce, calme, souriante. Comment a-t-elle pu me faire autant de mal ? Plein de haine envers mon Cœur, ils m’ont bien dit ce qu’il fallait faire, quand elle reviendra - car elle reviendra ! m’avaient-ils juré. Qu’elle revienne, qu’elle me revienne, je l’ai longtemps espéré. Je n’y avais pas cru. La battre, la jeter à la rue ; m’en croyaient-ils capable ? Sûrement. La révélation a été terrible : mes copains, mes frères ne me connaissent pas. Mes mains inondées de larmes sont incapables de la frapper. Mais, pire, c’est mon cœur qui s’y refuse. Le tic-tac de l’horloge m’ennuie au superlatif. Seul, j’ai entendu ce bruit horrible, dans un silence de mort, en comptant les secondes qui s’égrainaient depuis son départ. La Charlotte semble perturbée elle-aussi par ce bruit idiot. La pénombre de la pièce amplifie mon malaise. Cette pièce, cette salle à manger obscure, ce tapis sans âge, ces chaises de bois sombre, ces voilages qui cachent la fenêtre, et, dans le coin, ces fauteuils qui semblent moelleux mais n’en sont rien ; tout, tout me fait horreur, et je crois bien que c’est tout cela qui l’a faite partir. Je crois bien que je serais capable de foutre le feu à cette baraque. J’ai tellement pleuré sur moi qu’il faut bien que je me dise que je ne suis plus le seul responsable. Si j’étais un stratège, ce que je ne suis pas, je dirai qu’en plus, une baffe ne lui ferait rien. Elle est trop fière pour cela : au pire, elle repartirait aussi sec. Pour qu’elle comprenne ma souffrance, il faut qu’elle souffre, à son tour. Peut-être qu’en feignant de ne pas être heureux de la voir, en sera-t-elle ébranlée ? Mes trippes me suggèrent cette dernière stratégie, et ce dernier espoir. Mais je ne supporterai pas qu’elle s’en foute. Ma mère a prié pour moi. Elle est allée à l’église, plus qu’à l’ordinaire. Elle a parlé au curé, ce qui revient à parler au bon Dieu, dit-elle. Moi pas. Je n’ai pas besoin du Père Eternel mais de ma Charlotte. La Mère n’a pas pleuré, elle a joint les mains et a continué sa soupe, en signe de protestation face à mon impiété. Se soucie-t-on de sa foi, quand son seul amour a mis le large avec un autre ? Ma mère croit que oui. Je suis persuadé du contraire. Si elle repart, si elle se fiche de ma douleur, si elle ne ressent rien, j’irai me jeter à l’eau. Les bateliers sont des hommes comme les autres ; avec une pierre aux pieds, ils se noient aussi.
* Elle me fixe de ses yeux bleu gris, couleur de ciel flamand, la bouche pincée, la poitrine soulevée par sa respiration. Je vois bien qu’elle essaie de contrôler ses mouvements respiratoires. J’essaie de faire la même chose. Mais si mon rythme cardiaque s’est accéléré, ça n’est pas pour les mêmes raisons, même si je rêve du contraire. L’eau dégouline de son torse, je peux voir sa chemise trempée entre les pans de son imperméable. Elle est belle, elle est telle que je l’ai vue dix ans plus tôt, telle qu’elle était quand je suis tombé amoureux d’elle, telle qu’elle était lorsque je me suis damné pour l’éternité. Telle quelle, l’eau en moins. Son chignon est défait, ses cheveux dégoulinent, mais c’est elle, c’est bien elle qui m’a enflammé. C’est terrible. Je me contente de la regarder, comme si elle était partie une heure plus tôt pour aller au marché. Je me contente de lever le nez vers elle, en retenant les battements de mon cœur ¾ ce sale traître. Comment pourrais-je cacher qu’elle est la plus belle sur terre, qu’elle n’est pas seulement un vague souvenir vieux d’une décennie, mais qu’elle est une apparition, mon amour, mon cœur, ma vie, ma joie, mes souffrances aussi ? Je ne lui parlerai pas. Je ne commencerai pas. Je n’ai jamais parlé en premier. Mon mutisme la fera peut-être réagir ? C’est-ce que j’espère. Dis-moi, dis-moi encore ces mots qui me font frémir et dont toi seule as le secret. Je veux écouter ta voix orgueilleuse prononcer ces mots d’amour que tu ne te pensais pas capable de dire, de me dire, à moi. Ordonne-moi quelque chose, de t’aimer, de te pardonner, de te quitter, n’importe quoi. Je le ferai. Fais quelque chose que je ne veux faire. Je me dis que je me tais pour t’écouter. Mais la raison pour laquelle je me tais, c’est parce que j’ai peur de t’avouer mon amour, d’être faible, une fois de plus. Il ne faut pas te tendre de perche. Ce n’est pas moi qui t’ai quittée. Ce n’est pas moi qui suis parti. Ce n’est pas moi qui suis revenu. Une lutte s’installe entre nous. Celui qui ouvrira la bouche en premier aura perdu. | |
|  | | anais2.0 Grasset


Messages : 280 Date d'inscription : 24/05/2011 Age : 33 Localisation : Paris, Hauts-de Seine
![[ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Dim 7 Aoû - 20:14 | |
| Et enfin, le résumé ! voilà, c'était mon dernier commentaire.  _________________________________________________________________________
« Elle n’avait pas eu l’occasion de rencontrer des jeunes hommes, elle n’étais jamais allée au bal, elle ne se baladait pas dans les champs à faire des choses inavouables ; mais si elle avait pu se mêler au monde terrestre ne serait-ce qu’une seule fois, elle aurait fait tourner toutes les têtes, et je ne l’aurais jamais eu - si jamais je l’ai eu un jour. » Emile aime Charlotte. Mais Charlotte est partie deux mois plus tôt. Contre toute attente, la jeune femme revient à la maison. C’est pour Emile l’occasion de se souvenir de leur rencontre, ses souvenirs alimentant encore plus son amour incommensurable. La joie du retour passée, Emile et Charlotte sentent les différents rejaillir, différents à l’origine de la fuite de Charlotte. Car Emile et Charlotte, enfants de bateliers, sont devenus bateliers à leur tour. Mais ayant perdu leur péniche, le couple se voit contraint de vivre chez la mère d’Emile. Ce qui n’est pas pour arranger les relations entre Charlotte et Emile… Bateliers : en Belgique, dans les années cinquante, une histoire d’amour entre un homme et une femme, mais aussi entre les hommes et leur condition. | |
|  | | Jane Eyre Albin Michel


Messages : 842 Date d'inscription : 24/05/2011 Age : 31 Localisation : Dans mes livres et mes rêves
![[ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [ROMAN] Bateliers- Message en lien étroit avec le précédent Ven 12 Aoû - 10:50 | |
| ça a a l'air bien! Et encore plus parce que ça se passe en Belgique (au moins je connais les lieux :p) | |
|  | | anais2.0 Grasset


Messages : 280 Date d'inscription : 24/05/2011 Age : 33 Localisation : Paris, Hauts-de Seine
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